A la veille des 24h du sport féminin, opération nationale de médiatisation de la pratique des femmes, Women-it vous emmène à la découverte du roller hockey à Strasbourg, en images.
En mode roller hockey
(Photos : Catherine Kohler)
Bienvenue chez StrasCross, un club qui accueille une douzaine de joueuses de roller hockey. L’équipe senior s’apprête à reprendre le chemin de la compétition dès demain avec les 16èmes de finale de la Coupe de France contre Lille. « C’est une équipe bien rôdée et nous espérons faire quelque chose », explique le coach Lionel Ménard. L’équipe, reformée après une pause de quelques années, s’entraîne une fois par mois. Les filles viennent du grand Est, de Strasbourg, Belfort, Montigny ou encore Saint-Louis. « Nous organisons donc un entraînement en commun une fois par mois pour travailler le collectif. Néanmoins chaque joueuse s’entraîne dans le club de sa ville avec les garçons. Les championnats régionaux sont mixtes également », ajoute Lionel Ménard. Une particularité dans un sport en plein développement et où le championnat féminin est encore jugé « précaire ». Les entraînements collectifs se calquent sur le travail individuel des joueuses. « 90% de l’effectif proviennent de Strasbourg et Montigny. Deux clubs où les entraînements sont quasi similaires. Nous nous connaissons bien et les joueuses possèdent de fait la base du jeu ».
Les règles du jeu
Deux équipes s’affrontent sur un terrain de 40 mètres sur 20. Quatre joueurs sur le terrain et un gardien par but. « L’objectif est de pousser le palet dans le but adverse. Les contacts sont tolérés mais avec une limite. Il n’y a pas de charge comme au hockey sur glace. C’est interdit d’aller se battre, de charger dans les coins, de pousser l’autre ou de le faire tomber », rappelle Lionel Ménard. Un palet constitué en partie de plastique qui glisse plus ou moins bien sur le terrain. Les durées des matchs varient selon le mode de jeu. Les plateaux, deux matchs sur une même journée, voient des rencontres de deux fois 20 minutes avec arrêts de jeu. Pour un match seul, chaque période comptera 25 minutes avec arrêts de jeu. Les changements de joueurs s’effectuent à la volée comme au hockey sur glace ou au handball. « Chaque joueur reste en moyenne 1 minute sur le terrain car la partie est très physique », souligne Alexandre Garnache, le président du club.
Equipements
Le roller hockey s’apparente au hockey sur glace en matière d’équipements. Casque, jambières, pantalon et maillot composent la tenue. « La seule différence réside dans l’absence de plastron. Les filles mettent néanmoins des protections pour la poitrine ou des gilets rembourrés. Le matériel, nous le trouvons dans les magasins dédiés au hockey sur glace bien souvent », raconte Alexandre Garnache. Les crosses « morflent » un peu plus notamment en jeu extérieur. La licence est de 60 euros à Strasbourg, une somme jugée raisonnable par les joueuses en comparaison avec d’autres sports.
Un championnat à développer
Avec douze équipes l’année dernière en championnat national (4 en N1 et 8 en N2), le roller hockey devra encore affiner ses perspectives pour espérer voir le niveau monter. Première étape, le nombre d’équipes est passé à quinze cette année. « Le niveau féminin reste hétérogène avec des équipes à haut niveau et d’autres en loisir. Deux phases successives ont permis de rendre le championnat plus intéressant. La première a été de diviser la France en quatre zones. Ensuite, le tableau s’est affiné avec les très bonnes équipes en haut et les plus faibles en bas », analyse le coach strasbourgeois. De son côté, le championnat masculin est plus développé avec une élite à 10 équipes, une N1 à 18, une N2 à 32 et une N3 à 64 équipes. Vient ensuite la pré-nationale. « Le niveau est forcément plus élevé avec le nombre de formations présentes. Le roller hockey féminin connaît néanmoins un développement plus poussé depuis six ans avec la mise en place de la mixité dans les équipes. Une étude avait été demandée pour savoir si la mixité entraînait plus d’accidents. Il s’avère qu’aucune fille ne l’a été, mais trois garçons ont été blessés. La mixité a donc été validé à tous les niveaux ». Lionel Ménard le reconnaît, l’idéal serait d’avoir assez de joueuses pour développer la pratique et la compétition. Les filles sont actuellement prêtées de club en club et peuvent effectuer de longs déplacements pour leur sport. L’année prochaine, une nouvelle règle devrait réduire les zones géographiques. Les joueuses pourront alors uniquement pratiquer dans des ligues voisines.
Roller hockey à découvrir ce week-end à Strasbourg :
match des 16èmes de finale de la Coupe de France le 24 janvier : StrasCross-Lille, 20h au gymnase du Hohberg à Strasbourg
Roller hockey France : rencontre avec Marina Fagoaga
La joueuse revient sur sa pratique et son amour du sport.
Pouvez-vous dans un premier temps nous parler de votre parcours dans le roller hockey féminin ?
J’ai commencé assez tard à l’âge de 13 ans ! Ma soeur m’a fait découvrir le hockey sur glace et je suis devenue tout de suite passionnée de ce sport ! Je jouais alors dans la rue devant chez moi parce que le club de hockey sur glace ne prenait pas les jeunes filles qui commençaient « trop tard » ! C’est comme ça que j’ai découvert le roller hockey et que je n’ai jamais arrêté de jouer ! A mes débuts, je n’avais qu’un entraînement par semaine et j’étais qu’avec des femmes qui avaient au minimum 10 ans de plus que moi. J’ai progressé petit à petit en jouant devant chez moi, en faisant des stages et un jour j’ai eu l’opportunité de jouer le plus grand tournoi au monde au Canada : les finales du championnats nord américain (merci Val et Yoann) ! Cela a été le vrai déclic, j’ai vu pour la première fois des filles (canadiennes et américaines) jouer aussi bien que des garçons, elles m’ont fait rêver ! Dès mon retour en France je suis passée à un rythme d’entraînement intense, (pour un sport amateur bien sûr) avec 5 entraînements par semaine. J’ai continué à appliquer cette dose d’entraînement jusqu’à aujourd’hui ce qui m’a permis d’être sélectionnée pour mes premiers stages équipes de France, jouer 6 championnats du monde et être capitaine de l’équipe de France.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce sport ?
Ce que j’adore c’est qu’il est différent !! Pas de raquettes, pas de ballons ! On doit savoir patiner mais aussi se servir d’une crosse ! Ce qui est peu commun ! Le jeu est rapide, physique, collectif et spectaculaire ! Il y a toujours de nombreuses façons de marquer, de sortir d’une situation. Les choix doivent être faits très rapidement, et la lecture du jeu est un facteur clé ! Je trouve ce sport complet. Aucun match ne se ressemble.
A quel poste jouez-vous et dans quel club ?
J’ai joué plus de la moitié de ma carrière à l’avant ! Aujourd’hui je suis arrière (défense) depuis plus de 5 ans. Je joue en Espagne, à Tres Cantos (banlieue de Madrid).
Comment se déroule un entraînement « type » ?
Il y a toujours un ou deux exercices d’échauffement qui ont pour objectif principal de bien échauffer les gardiens avec des tirs dans leurs gants et pour que les joueurs prennent leurs marques rapidement, s’échauffent. Généralement selon l’objectif de l’entraîneur il y a une thématique abordée et les exercices sont orientés de cette façon : opposition ( 1 contre 1, 2 contre 1, 3 contre 2…) ou travail de sortie de zone, travail d’entrée en zone, travail de défense etc, …). Selon le calendrier on révise aussi le powerplay (on joue à 4 contre 3 cela arrive souvent en match, si l’adversaire fait une faute, il prend deux minutes ou plus de prison durant lequel nous jouons en supériorité numérique), on travaille les penalties. Et on termine souvent les entraînements en faisant un match.
Quel va être le programme « équipe de France » pour 2015 ?
Pour l’instant nous n’avons aucune échéance. Nous ne savons pas encore si nous partons aux championnats du monde qui ont lieu dans 7 mois, et n’avons aucun stage planifié.
Quelles sont aujourd’hui les meilleures nations de roller hockey ?
Les Etats Unis, Le Canada… et l’Espagne arrive en puissance, les petites juniors espagnoles sont championnes du monde !
Que manque-t-il en France pour faire évoluer ce sport ?
Beaucoup de chose, c’est un sport relativement nouveau. Il y a énormément de personnes qui s’y investissent pour développer avec leurs moyens ce sport, souvent des bénévoles, présidents de clubs, entraîneurs, dirigeants, élus, etc … Grâce à tous les membres actifs de la fédération et des bénévoles, ce sport a déjà beaucoup évolué ! Mais quand je vois la vitesse à laquelle se développent les autres pays, je pense qu’on va être en retard d’ici 10 ans ! Il faut rester vigilant et s’inspirer des bonnes choses provenant des clubs des autres nations ! Il y a du talent en France, chez les hommes, les juniors, et les filles ! Il y a de belles choses à faire.