Un nouveau monde

 

(Photo : JoséMa Fernández)


 

Les portraits d’apnéistes se suivent mais ne se ressemblent pas, à quelques jours du championnat du monde de la discipline qui se tiendra à Mulhouse entre le 25 et le 31 juillet. Violeta Amapola Nava Galindo, représentante du Mexique, se prête au jeu des questions-réponses.

 

 

Comment avez-vous commencé l’apnée ?

 

C’était à l’université. J’avais vu une affiche qui parlait de natation avec palmes et j’ai décidé de rejoindre l’équipe. J’ai commencé à nager avec des palmes et une mono-palme. Un jour j’ai assisté à une compétition de nage avec palmes suivie d’une compétition d’apnée. J’ai voulu rester pour voir à quoi cela ressemblait. Ce jour-là, j’ai vu un nageur effectuer 150 mètres avec une mono-palme et sans respirer. J’étais très étonnée et j’ai trouvé ça génial. Je ne savais pas que ce sport existait. J’ai donc demandé à mon entraîneur de l’époque de m’initier à l’apnée. Je voulais vraiment pratiquer cette discipline. Au début, il m’a dit non car il n’y connaissait rien et cela avait l’air dangereux. Mais j’ai insisté et nous avons commencé à nous renseigner sur le sujet. Il a fallu près de deux ans pour qu’il comprenne que c’était mon sport. Il n’a pas été facile de trouver un entraîneur ensuite et des partenaires d’entraînements à Mexico. Je me considère moi-même comme une apnéiste débutante.

 

Quelles sont les qualités requises pour faire de l’apnée ?

 

Je pense qu’il s’agit plus de qualités au niveau du caractère de la personne plutôt que du côté physique. Il est important de pouvoir s’isoler et de se sentir bien face à soi-même. Il faut bien entendu ne pas avoir peur d’être sous l’eau. Il faut pouvoir supporter la pression avec calme, c’est très important dans ce sport car l’adrénaline n’aide pas forcément durant la compétition. J’ai aussi constaté, qu’en général, les apnéistes possédaient un réel sens de l’humour ! En résumé, l’apnéiste se doit d’être facile à vivre !

 

Où pratiquez-vous actuellement ?

 

Je fais partie de l’UNAM, il s’agit de l’équipe qui appartient à l’Université autonome nationale du Mexique, à Mexico.

 

Avez-vous tenté d’autres sports ?

 

Et bien j’aime l’eau depuis que je suis toute petite. Ma mère était une plongeuse, mais pas avec des bouteilles et des palmes. Elle sautait depuis des plongeoirs. Elle aurait voulu que je le devienne aussi mais j’avais le vertige et la peur de me lancer. Je jouais à cache-cache avec mon entraîneur de l’époque pour ne pas avoir à sauter ! La seule chose que j’aimais alors c’était de m’amuser avec mes amis et voir qui tenait le plus longtemps sa respiration. J’ai aussi pratiqué d’autres sports comme le squash, la gymnastique, le vélo ou encore l’aquathlon, un sport alliant natation et course à pied.

 

Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans l’apnée ?

 

J’aime être sous l’eau, avoir le sentiment d’être seule dans l’immensité. C’est aussi l’impression de liberté de mouvement que l’on peut avoir dans la mer ou dans un lac. L’apnée m’a permis de nager en milieu naturel, dans les gouffres par exemple ou encore de côtoyer une raie manta dans la mer. C’est un sport qui ouvre sur un autre monde, sous la surface de l’eau.

 

Qu’attendez-vous du championnat du monde qui démarre à Mulhouse ce vendredi ?

 

J’attends déjà de revoir tous mes amis et d’apprendre davantage sur l’apnée au contact de grands athlètes. J’adorerais aussi battre le record panaméricain en matière d’apnée statique et ainsi me placer dans le top niveau de la discipline. Je souhaite aussi m’améliorer dans les autres disciplines de l’apnée et battre des records nationaux.

Je profiterais également de la compétition pour visiter la France. C’est la première fois que je viens ici !

 

Pouvez-vous nous décrire une journée-type d’entraînement ?

 

Quand je ne me prépare pas pour une compétition, je prends mon vélo pour aller à la piscine et j’enchaîne les longueurs.

En période de compétition, je commence toujours avec de l’apnée statique. J’aime particulièrement les exercices de respiration, en alternant l’apnée selon des durées prédéterminées. C’est un exercice où vous retenez votre respiration durant un temps donné, disons 3 minutes. Vous répétez l’apnée 8 fois de suite avec des temps de respiration qui se réduisent au fur et à mesure. Une apnée de 3 minutes puis 2 minutes de respiration, à nouveau l’apnée et 1min45 de respiration et ainsi de suite. La fin de l’exercice est complétement folle mais au milieu de la séance vous vous sentez vraiment bien.

Après cela, je nage environ 1000 mètres pour récupérer puis je termine avec des exercices dynamiques. Je fais des 50 mètres avec ou sans palmes, très lentement ou très vite, selon le nombre de répétitions de l’exercice.

La chose la plus importante est de ne jamais s’entraîner seul. Il faut toujours avoir quelqu’un avec soi, pour prévenir les accidents ou les malaises.

 

Etes-vous considérée comme une athlète de haut niveau dans votre pays ?

 

Et bien ma mère dit que je suis la meilleure du monde, donc ! Que dire de plus (sourire).

  

Pouvez-vous vivre de votre sport ?

 

Non pas du tout. Parfois, je ne peux pas me rendre à certaines compétitions car la fédération nationale ne soutient pas les athlètes. Pour mon premier championnat du monde, j’ai dû payer une partie de mon voyage. Aujourd’hui la fédération mexicaine m’assiste pour les grandes compétitions comme les championnats du monde ou les championnats panaméricains mais seulement s’il y a de bons résultats à la clé. 

 

Que diriez-vous aux jeunes filles qui souhaiteraient commencer l’apnée ?

 

Je leur dirais d’abord de prendre du plaisir dans ce sport. Ensuite d’être patiente car c’est une discipline qui s’inscrit dans la durée. Il n’y aucune limite d’âge ensuite. Il y a des champions âgés de plus de 50 ans et qui n’ont pas prévu de prendre leur retraite !

Ses records nationaux :

 

Apnée statique : 6 min 05 sec, Veracruz, Mexique 2015

 

Apnée dynamique : 171.69 m, Veracruz, Mexique 2015

 

Dynamique sans palmes : 108.55 m Kazán, Russie 2013

 

 

Son record panaméricain : 

 

Apnée statique : 5 min 40 sec

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