Encourager la mixité dans le sport

Le Paris Université Club Baseball (PUC), Softball et Cricket s’est illustré au mois de décembre dernier en recevant un prix pour la promotion de la mixité dans le sport et la pratique féminine. Gaétan Alibert, responsable de la communication au sein du club, répond aux questions de Women-it.fr 

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le trophée du Sport Responsable ?

 

Generali a lancé en 2010 l’initiative Sport Responsable pour valoriser des pratiques sportives modèles sur plusieurs thématiques. Elle permet chaque année d’obtenir une labellisation par la remise d’un macaron « Sport Responsable » et les clubs labellisés peuvent ensuite concourir aux Trophées du même nom. En 2014, 223 clubs de 21 disciplines y ont participé. 18 ont été désignés comme finalistes par un jury présidé par Zinédine Zidane, avec trois finalistes par catégorie : Accessibilité, Mixité/Sport Féminin, Santé et Sécurité, Eco-Responsabilité, Insertion et Reconversion, Promotion de la démarche. Il y eu de très beaux projets présentés lors de la cérémonie des Trophées le 3 décembre dernier. Cela montre toute la richesse du sport et du tissu associatif en France. On espère que la Fédération et les autres clubs de sports de batte vont rejoindre l’initiative pour montrer la richesse du baseball, du softball et du cricket français.

 

Pourquoi le PUC a-t-il été récompensé ?

 

En tant que responsable Communication du club, c’est moi qui ai découvert cette initiative et qui ai proposé la démarche du club à la labellisation. Il est à noter que c’est en investissant les réseaux sociaux que j’ai découvert Sport Responsable. Cela montre l’intérêt pour les clubs d’être présents et d’interagir sur le net, notamment pour développer le sport féminin et la mixité en créant un maillage fort sur la thématique. D’ailleurs, très vite, j’ai senti que Sport Responsable adhérait à notre démarche. Et quand nous avons été sélectionnés parmi les finalistes, j’ai remarqué, là encore, que nos actions intéressaient, notamment les quelques médias qui nous ont abordé sur les Trophées ou le photographe, Gérard Uferas, qui s’occupait du reportage de présentation des clubs primés. Mais je ne pensais pas que notre projet serait forcément premier car je vois très souvent de beaux projets sur le sport féminin ou la mixité dans d’autres clubs, d’autres disciplines. Mais notre action conjointe au niveau du terrain et des instances, et notre travail pour un maximum de mixité sportive sur toutes nos disciplines, a touché le jury.

 

Comment cultivez-vous la mixité au sein du club ?

 

Jusqu’à récemment, elle était naturelle en baseball jusqu’à 15 ans et au softball. Depuis très longtemps, on joue en mixte au softball, y compris à un niveau international comme en SlowPitch, une version du softball. En France, la pratique mixte en FastPitch (avec un lancer plus rapide) est très répandue depuis longtemps. Mais cela ne nous convenait pas car beaucoup de jeunes filles pratiquant le baseball ne passaient pas au softball pour diverses raisons. De plus, ce sont deux sports cousins mais avec de vraies différences

 

« Il était important de pouvoir développer le baseball féminin en permettant dans un premier temps aux jeunes filles et aux femmes le souhaitant de pratiquer ce sport en compétition avec des hommes. »

 

L’idée est double : faire venir les femmes au baseball pour créer à terme des équipes et des championnats 100% féminin mais aussi permettre aux femmes de pouvoir accéder au meilleur niveau de jeu possible en baseball, c’est-à-dire les championnats masculins. Cela se fait aux États-Unis, même s’il a fallu des décennies de lutte. Là-bas, vous avez des femmes qui jouent en 1ère division universitaire ou amateur et aussi en championnat pro indépendant dans des équipes masculines, comme cela fut le cas à la fin du 19ème jusqu’aux années 30 par exemple. En France, une jeune fille, Mélissa Mayeux, a joué cette saison en 2ème division nationale avec l’équipe fédérale des Pôles France. Et elle n’a rien à envier aux garçons de son âge. Nous avons commencé à appliquer cette recette au cricket grâce au tournoi indoor de cricket mixte du Dijon Université Club en 2013. On espère y retourner ou même en organiser un à Paris. Les recettes du softball mixte peuvent s’appliquer aussi au baseball et au cricket.

 

Combien de joueuses comptez-vous ?

 

Cela fluctue selon les saisons. Il existe dans nos sports de batte, tout club confondu, un important turn-over avec beaucoup de licenciées qui ne vont pas au-delà de un à trois ans de pratique. En 2014, nous avions 52 licenciées sur 298 au total. La plupart en softball et en cricket ainsi que cinq filles en baseball jeunes. Un certain nombre de nos licenciées pratiquent à la fois le softball et le cricket. Et quelques-unes ont même joué en compétition dans les trois disciplines.

 

Quelles sont les disciplines uniquement féminines au sein du PUC ?

 

Aucune. Nos sports de batte sont fait pour toutes et tous. Même si, historiquement, ce sont des sports créés par et pour les hommes, les femmes y ont très vite fait leur place. Des femmes jouaient au cricket à la fin du 18ème siècle. La première équipe féminine de baseball est apparue 20 ans seulement après la création du baseball. Néanmoins, nous avons deux équipes purement féminines, l’une en championnat régional de softball et l’autre en cricket féminin. Ce dernier a été relancé par France Cricket en 2011 et le PUC a de suite créé une équipe pour encourager ce mouvement. Notre objectif est d’arriver à créer une équipe 100% féminine en baseball pour constituer un championnat régional féminin et mettre dans la lumière le baseball féminin.

 

Plus loin qu’un trophée et une image, qu’est-ce que le PUC souhaite porter au travers d’une stratégie de féminisation du sport ?

 

Nous avons un slogan : aucune distinction, juste la passion. Nous sommes des passionnés. Nous voulons partager notre passion et faire en sorte qu’aucun obstacle ne puisse se présenter entre une personne et le sport qu’elle souhaite pratiquer. Il était difficile de dire à une femme qui aimait le baseball qu’elle ne pouvait pas le pratiquer car il n’existait pas de championnat féminin. Pourtant, nous avions des championnats de différents niveaux qui permettaient d’intégrer des femmes suivant leur propre niveau, de débutante à confirmée. Aujourd’hui, grâce aux efforts de certains cadres de la Fédération, de certaines bénévoles et de certains clubs comme le nôtre, une femme peut jouer au baseball même s’il n’existe pas de championnat féminin.

 

« C’est une belle victoire mais on reste au début du chemin. »

 

Il faut aussi faire évoluer les mentalités et pas seulement au baseball ou au cricket. C’est le cas dans tous les sports et dans les médias, en France et dans le monde, que le sport féminin doit être à sa vraie place. Dans la lumière et non dans l’ombre du sport masculin. Parce qu’on peut toujours arguer du fait que les hommes courent plus vite le 100 mètres, tapent plus fort dans le ballon ou lancent plus vite une balle de baseball, au final, ils ne jouent pas avec plus de passion. Cette passion est la même. Et c’est ce qui est beau à voir au final sur un terrain, à la télévision, c’est l’engagement et le dépassement de soi. C’est cela qui procure de vraies émotions, que l’on regarde du sport masculin ou féminin. Dans ce contexte, nous serons partie prenante des 24h du sport féminin le 24 janvier avec une web campagne sur la mixité et la visibilité du sport féminin. Nous serons aussi présents lors de la journée de la Femme et organiserons un grand événement du « Sport Féminin » dans Paris avant la Coupe d’Europe de Baseball début juin. L’année 2015 sera chargée et on espère qu’elle représentera une nouvelle étape pour le sport féminin et la mixité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« C’est le cas dans tous les sports et dans les médias, en France et dans le monde, que le sport féminin doit être à sa vraie place. Dans la lumière et non dans l’ombre du sport masculin. »

L'équipe de softball mixte du PUC